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Les bons remèdes du Docteur Dandy.

CRUCIFIE : un retour sur Eclipse 12.

Publié le 18 Mars 2014 par Dr Dandy in convention, jeux de roles

CRUCIFIE : un retour sur Eclipse 12.

Ce week-end du 14 au 16 mars 2014 se déroulait la désormais mythique convention de jeu de rôles ECLIPSE dans la très sympathique ville de Rennes. Depuis un moment mon pote Kantelder me tannait pour que l’on se fasse une convention de jdr (car chers amis je ne suis jamais allé à ce genre de manifestations). Le choix s’est donc porté sur Rennes et nous avons pris l’avion depuis Marseille pour débarquer ce vendredi dans la jolie ville de Rennes. Après une petite balade et avoir posé nos bagages à l’Hôtel en centre-ville nous avons pris le bus direction Rennes 1.

Oui, car la convention a lieu à l’extérieur de la ville, sur le campus de l’université Rennes 1. Un campus classique, excentré, étendu sur des hectares et avec pleins de grands bâtiments. Ma première inquiétude fut vite évaporée. En effet, sans transport individuel, comment rentrer à l’Hôtel dans le centre après la dernière tournée des bus (A Minuit) ? La réponse fut très simple : le réseau STAR dispose sur cet axe une liaison de nuit avec des bus toutes les 15 minutes !?! Royal…

La convention se déroule donc dans un des bâtiments de cours. Un grand machin tout de béton vêtu typique des grands ensembles des années 70. A l’intérieur une cafétéria (seul moyen d’approvisionnement du week-end dans les environs), un grand amphi où eurent lieu les bourses aux parties, un immense couloir où furent installés les exposants et des salles de cours. Ce dernier point est important, à part le samedi soir riche en parties, nous avons disposé pour chaque groupe d’une salle de cours entière. Calme, espace, chaises et tables à volonté, grand tableau noir pour écrire ou dessiner, la classe quoi !

D’un point de vue organisation on peut dire que l’expérience des orga’ se ressent. Pris en main dès notre arrivée nous avons eu à faire à des charmantes et charmants jeunes (et moins jeunes) gens qui nous ont informés, accueillis avec le sourire et guidés dans la convention. En attendant les parties nous fîmes connaissance avec quelques rolistes issus de Casus No (nous avions prévu des badges pour nous reconnaitre) et visiter les stands des exposants.

Demi-déception à ce niveau : en dehors de 7e Cercle (et sa sympathique équipe) point de gros éditeurs. Damned ! Moi qui cherchais à dépenser tout mon argent dans de grosses productions je fus frustré du portefeuille. Néanmoins j’ai pu faire de jolies rencontres comme les gens de la Saltarelle (petit éditeur porté par la passion du jeu), admirer le joli sourire de Léna de Fumble Zone, discuter avec Thomas Munier (explorateur de l’âme humaine au travers de ses univers malsains mais vrai type intelligent et gentil) et surtout découvrir un jeu en projet pleins de promesses.

Ainsi 1% jeu en cours d’élaboration via Pulp Fever vous permettra de jouer dans l’univers des Bikers. Mais pas le gentil Bikers du dimanche, non ! Des 1%, ces Bikers blancs mâles en marge de la loi. Le jeu propose donc de faire « Sons of Anarchy » mais en mieux. Guerre de gangs, trahison, vengeance, dilemmes moraux dans la peau de salopard, tout est réuni pour générer des drames shakespeariens dans un monde viril et brutal. Je suis resté dubitatif devant le parti pris de ne jouer que des mâles alpha jusqu’à ce que, au détour d’un achat de sandwich, je croise une charmante demoiselle qui avait « kiffé jouer un grand blond baraqué et brutal ». Je ne sais pas vous mais j’attends le jeu avec impatience.

Enfin c’est le cœur plein d’espoir et le ventre rempli d’un jambon-beurre à 3€ que j’ai investi l’amphithéâtre pour les bourses aux parties. Véritable match des meneurs, la bourse consiste en un exercice difficile : vendre sa partie à des centaines de joueurs dans un amphi bondé qui doivent choisir parmi une trentaine de partie. Un système judicieux permet aux joueurs de postuler et d’être tiré au sort pour avoir le privilège de jouer. C’est intéressant car cela génère de la surprise, une certaine équité pour éviter des copinages et laisser des joueurs sur le carreau mais également des choix cornéliens. Exemple : le samedi après-midi j’ai finalement été choisi après 3 échecs de candidature ! Heureusement j’ai obtenu quelque chose que je voulais. Notons aussi que la qualité de l’animation par les orga’ engendrent une ambiance bon enfant, détendu et motivante. Sorti de là les joueurs sont au taquet et peuvent rejoindre leur salle avec leur petit panier de provisions (bouteille d’eau, biscuits salés et sucrés). A noter l’ambiance générée par la simple présence de Vincent Matthieu, auteur de CATS !, véritable rock star de la convention accueillis par des centaines miaulements.

Les parties :

Bad Guys : J’ai donc choisi de venir à Eclipse avec une proposition ludique simple, faire découvrir Hollowpoint. Pour plusieurs raisons : j’adore ce jeu, je voulais initier des rolistes à un jeu à « narration partagée » qui parle de fun à la différence des jeux « forgiens » qui traitent souvent de problématiques profondes mais peu attractives et enfin je pense que le jeu est très adapté à ce type d’évènement.

Habillé pour la circonstance, j’ai donc fait le « show » en costume noir, chemise blanche, cravate fine noire, lunettes de soleil et gants en cuir. Je gagne à ma cause 4 joueurs dont mon pote Kantelder, Emmanuel alias Udo Femi et deux noobs de la narration partagée, Kevin et Thibaut. Après avoir choisi parmi les multiples settings proposés nous décidons de faire simple avec des mafieux ukrainiens dans le New York de 2003, un setting outrageusement repompé de Moscow Connection, scénario Savage Worlds). La partie fut dantesque, avec d’excellents moments de jeux où les braves mafieux sans foi ni loi ont retrouvé le traitre à l’origine d’une cargaison volée et récupérée la dite cargaison (une bombe sale venue de Russie) aux mains de viles terroristes pakistanais. Une fiction très satisfaisante et beaucoup de fun même si on était plus proche d’un film de Roberto Rodriguez que de Tarantino tant l’aventure fut une promenade de santé pour les pjs. La faute m’en incombe car j’ai eu du mal à gérer l’adversité de manière à rendre les choses plus difficiles. Qu’importent les regrets, on s’est bien amusé.

Back to basics : Le samedi après-midi je passais du côté joueur afin de me laisser porter par les univers des autres. Etrangement je ne fus choisi par aucun des trois jeux auquel je postulais avant d’être pris pour une partie d’OSRIC (compilation des règles d’AD&D) avec Philippe « Soner Du » Tromeur. Finalement j’avais eu en tête depuis un moment de revenir aux sources en participant à une partie old-school. C’est donc incarnant un Paladin niveau 2 répondant au doux nom de Sir François (Big-up à mon frangin !) que je me lançais dans l’aventure. Comment dire ? Déplorable, sans ambition narrative, cliché, approximatif et, finalement, incroyablement fun ! Avec mes compagnons nous sommes partis à l’assaut d’une bande de Profonds afin de sauver un village de pêcheurs, pillage de monstres en prime; oui, on a looté du Shoggoth! AD&D prouve sa qualité en tant que jeu de rôle simple et sans artifice. Proposition ludique claire, sans surprise, sans soucis de « réalisme » mais avec des réelles qualités pour générer du fun. Même le « roleplay » prohibé par le meneur comme une provocation a surgi durant la partie le plus naturellement du monde. Je crois que certains ne reverront plus jamais un paladin de la même manière. Petit aparté, j’ai eu ici la confirmation quelque chose : Le fait d’interpréter un personnage émerge lorsqu’on joue au jeu de rôle, même quand le dit jeu ne le prévois pas dans les règles. Participer à une partie de jeu de rôle avec Philippe c’est comme boire des bières avec des potes. Est-ce que ce sera de bon goût, subtil ou ambitieux ? Peut-être pas mais il reste la satisfaction issu du partage fictionnel. Et le jdr, depuis ces toutes premières itérations, permet de le faire même avec des inconnus rencontrés 5 minutes avant. Philippe a dit après la partie : « tu vois, c’est que ça le jeu de rôle ». Non, mec ! Ce n’est pas QUE cela mais c’est certainement le dénominateur commun de toutes les parties de jdr du monde : prendre du plaisir ensemble autour d’une fiction partagée.

Déprime en apéro : gros coup de fatigue après 24heures intenses et pauvres en sommeil. Puisqu’il n’y a pas de bar à l’horizon pour déguster une bière entre gens de bonne compagnie et reprendre des forces. Steve J., adepte des jeux forgiens et baptisé pour l'occasion « Stromae du jdr » nous propose de tester le petit jeu de son ami Mangelune. « Perdus sous la pluie » est un jeu narratif sans dé, uniquement des jetons, on nous interprétons des enfants perdus dans des sortes de limbes. Le but du jeu est de découvrir comment ces enfants vont apprendre à survivre ensemble sachant qu’au final un seul d’entre eux s’en sortira. En une demi-heure nous avons statué sur le sort de Clément, Kevin et Sophie dans une ambiance assez étrange. La mécanique très simple (voir même un peu light) pousse à explorer les démons de jeunes enfants, qu’ils soient extérieurs (les « sirènes ») ou intérieurs. Dans le dernier cas nous nous retrouvons à jouer des enfants cruels, féroces et désespérés. Perdus sous la pluie est finalement un joli jeu mais qui parle finalement du côté sombre de l’enfance. Papa d’une petite fille je dois avouer que la fiction m’a dérangé bien plus que n’importe quel jeu sombre et glauque auquel j’aurais pu jouer. Étrangement le jeu pourrait être facilement « hacké » pour explorer l’inverse, les joies d’être enfant, l’imagination, l’espoir et l’entraide.

Néanmoins cette partie apéritive nous a permis de nous remotiver pour la partie du samedi soir qui fut épique, et c’est un euphémisme.

Une expérience unique : donc le soir je décide de choisir du lourd, quelque chose de hautement qualitatif afin d’effectuer un grand écart vis-à-vis de ma partie de l’après-midi. Et je tombe sur Inflorenza avec Thomas Munier, l’auteur du jeu. A ma grande surprise, ce dernier sembla intimidé par les six joueurs qui arrivent à sa table. Et nous alors ? Qu’est-ce qu’on aurait du dire ? D’autant que le sacripant a choisi de proposer un contexte très ambitieux : le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle dans le cadre horrifique et post-apocalyptique de Millevaux. Du très lourd d’où a émergé une histoire d’une puissance sans équivalent. Pourtant ce ne fut pas sans mal ! Inflorenza est un jeu exigeant, avec des mécaniques peu intuitives et contraignantes mais brillantes et génératrices d’histoires. Exemple : pour la résolution des conflits nous jetons autant de D12 que possible (justifié par l’existence de « phrases » qui définissent nos personnages) et nous regardons les résultats. Hélas il n’y a pas de bons résultats ! Les « Sacrifices » (meilleur résultat possible) nous permettent d’obtenir ce que nous souhaitons mais au prix d’une perte de notre « moi », les « puissances » pourraient représenter une réussite éclatante si elles ne signifiaient pas d’écraser l’autre de tout son pouvoir, quant aux « souffrances » signifiant l’échec, elles nous nourrissent en nous permettant d’ajouter des « phrases ». Héros, salauds, martyrs et tout ça à la fois. Fatigué, septique par rapport aux mécanismes du jeu, j’ai été surpris. Grâce à Thomas, meneur « monteur » ni réalisateur ni metteur en scène de la fiction, nous avons recollé les morceaux, développé l’histoire pour achever en apothéose. La fiction ? Très compliqué à expliquer mais je dirais que nous avons reproduit le Mythe de La Passion du Christ au travers d’un drame banalement humain. Amour, vengeance, culpabilité, pardon, tout cela mélangé. Mon personnage a fini crucifié sur l’autel de Compostelle afin de régénérer un monde pris dans une guerre où les morts dévoraient les vivants. Les autres ? L’un a été écrasé par l’amour d’une femme qui lui refusait de mourir avant de détruire celui qui était à l’origine du drame. La fillette, horrifiée par le comportement de sa mère, décida d’en finir avec le monstre qu’elle découvrait. Enfin un autre, incarné dans La Pierre de l’Autel et instrument de « Dieu », s’est retrouvé devant un choix moral écrasant : éradiquer une bonne fois pour toute cette humanité qui reproduit sans arrêt les mêmes erreurs ou ressusciter les morts afin qu’ils recréé un nouveau monde (avec le risque que la solution engendrent encore plus de problème). Son choix s’est porté sur « l’espoir » même si nous n’en savons rien car nous avons baissé le rideau à ce moment-là.

Difficile de qualifier l’état dans lequel nous étions à la fin de la partie. Nous venions, ensemble, de rendre hommage à la portée universelle du destin de Jésus Christ tout en nous jouant de tout dogmatisme et en y ajoutant une dimension personnelle avec une histoire intime. Waouh !

Mais ne nous égarons pas : si la partie fut aussi forte c’est bien le fruit d’un système innovant, d’une parfaite maitrise de l’univers de jeu et des limites du système par le meneur et de l’exceptionnelle interaction qui s’est dégagée entre les joueurs. Le jeu en lui-même me semble trop « meneur-dépendant » pour être véritablement bon mais il y a ici des idées brillantes. Chapeau l’artiste.

Club de rencontres : Mais une convention c’est surtout des rencontres. Evidemment j’étais aux anges en retrouvant des gens que j’apprécie comme Brand ou Etienne Bar. Mais j’ai aussi apprécié rencontrer pour de vrais des rolistes que côtoyait sur internet. LG, Najael, Paradoks mais surtout Udo Femi et l’adorable Steve J. Dans le rang de gens que je ne connaissais pas je voudrais passer un message personnel et dire à Guillaume (Marie de la partie d’Inflorenza) qu’il n’hésite pas à me contacter s’il veut échanger avec moi, même si c’est pour me contredire.

Des regrets, des regrets… : Il y en a toujours ! Ne pas voir pu jouer à 1%, avoir laissé mon ami Etienne B. et son univers merveilleux et coquin des Folandes pour d’autres horizons plus sombres, avoir raté certains avec qui j’aurais adoré discuté comme Amaranth. Mais le temps était limité et je ne manquerais pas de revenir en terres bretonnes !

En bref je fus crucifié sur l'autel du jeu de rôles. Je suis mort (de fatigue), épuisé physiquement comme mentalement mais je sors de ce week-end régénéré dans mon envie de jouer. J'ai exploré l'univers rôliste de bout en bout et j'ai découvert que derrière nos multiples incarnations, un seul désir nous anime tous. Celui de partager.

ENJOY !

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